Photo : Mathieu Laverdière

Photo : Mathieu Laverdière

Biographie 

Née en Suisse, Jennifer Alleyn est une artiste et cinéaste basée à Montréal. Elle a parcouru le monde en globe-trotter pour l’émission La course destination monde en 1992. En 1997, elle réalise "Aurore et Crépuscule" dans le long métrage collectif Cosmos, primé à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes. Elle enchaîne avec la réalisation de 13 épisodes de la série Canadian Casfiles pour le groupe Fairplay. Suivra, une trilogie de films sur l’art, (L’atelier de mon père, Dix fois Dix et La vie Imaginée de Jacques Monory) lauréats au Festival International du film sur l’art (FIFA), qui confirme son approche d’archéologue de l’art. En 2018, elle invite le réel à bousculer la fiction, avec le long métrage Impetus. Film hybride qu’elle réalise et produit, Impetus est lancé en Italie avant de participer en compétition au Festival Slamdance, aux USA. Sorti sur les écrans en janvier 2019, le film rallie la critique et le public, qui saluent la liberté formelle et le jeu extraordinaire de Pascale Bussières et Emmanuel Schwartz. L'Observatoire du cinéma au Québec (OCQ), en collaboration avec la Faculté des arts et sciences de l'Université de Montréal, décerne à Jennifer le prix Création 2019, pour “sa contribution exceptionnelle au développement de la cinématographie québécoise”.

Alleyn développe depuis 2011, une pratique plastique qui intègre la vidéo, l'installation et la photographie. Les thèmes de l’absence et de la perte font écho dans son travail à un idéal de solidarité humaine. Son plus cher désir, une installation en collaboration avec l’écrivaine Nancy Huston a été présentée au Musée des beaux-arts de Montréal en 2011. Ses oeuvres récentes ont été présentées à la Galerie C de Neuchâtel en Suisse et au Québec.

En 2021, s’amorce un cycle de travail sur le déracinement et la migration, dont les premiers fruits seront présentés lors du Symposium d’art contemporain de Baie-St-Paul, dont Jennifer est l’une des douze artistes participant.e.s.


Démarche artistique

Attirée très tôt par la capacité du cinéma à révéler le sens caché des choses, à donner accès à l’invisible, à travers l’œil de la caméra, Jennifer Alleyn élargit aujourd’hui son exploration à travers la pratique de l’installation photographique. Les frontières disciplinaires se dissolvent. Artiste multidisciplinaire, elle puise dans sa double formation universitaire en cinéma et en arts visuels pour réaliser des œuvres qui dialoguent avec le médium. Formée en documentaire, son travail accueille la notion d’archivage, de conservation et d’examen, pour transcender l’idée poétique.

Dans sa pratique, tout comme dans la vie en général, Jennifer se débat avec l’idée de la finitude. Chaque œuvre est une tentative d’établir un dialogue avec l’absent. Tant par le montage des images au cinéma, que l’assemblage d’images ou de mots, ses oeuvres procèdent d’un même mouvement de rapiècement. Elle rassemble les morceaux perdus pour restituer une présence, mue par le besoin de donner un corps et un sens au désordre. Ses projets visuels accueillent la répétition, la variation, comme autant de tentatives de restituer la mémoire. Au fil de sa recherche, se tisse une trame sensible qui explore l’état psychique de l’être et ce qui le fait agir/ réagir.

Ses oeuvres plastiques émanent d'un glanage permanent d'images et de mots et entremêlent le réel et l’auto-fiction pour explorer le thème de la perte, de la fragilité et du déplacement.

L'installation immersive répond à un désir nouveau de conquérir l’espace tridimensionel. Elle invite la photographie, la littérature ou la poésie à traduire ce questionnement existentiel. L’obsession du dialogue, qu’il soit entretenu avec l’absent ou avec le vivant, révèle le heurt paradoxal entre l’expérience humaine, profonde et transformatrice et l’incapacité de la dire.